L’Inde, de Delhi au Désert Premiers pas Paris le
L’Inde, de Delhi au Désert
Premiers pas
Paris le soir, Riyad la nuit, survol des deserts Perses au matin, Delhi a midi. C’est la cohue a la sortie de l’aeroport. Une partie de la foule te regarde, pleine d’espoir, une pancarte « John » entre les mains. Une autre te propose tous les moyens de transport pour atteindre ton but, que tu veuilles faire 20 bornes pour aller au centre ville ou 1500 pour voir le Taj Mahal. Il reste ceux qui ne foutent rien, allonges en bandes sur le bitume, qui te dévisagent et te rappellent qu’ici, tu es une bete curieuse. .
Il y avait la tentation bus, mais avec ma maison sur le dos, j’opte pour la solution moins sportive en me payant un taxi. 300 Roupies, 4 Euro, pour une course d’une demi-heure. Ce n’est pas le Pérou, mais l’Inde. C’est un papi enturbanne qui me conduit. Le mini van bien pourri n’a plus beaucoup de freins, ni de pare-choc, mais toujours un klaxon.
J’ai un peu serré les fesses entre ce bus et ce rickshaw, klaxon, puis aussi quant un cingle tentait d’attaquer les voitures au milieu de la route, klaxon. Le papi s’arrete pour faire le plein, klaxonne. Une autre bagnole toute defoncee se gare tres pres, derriere lui. En repartant, Papi recule un peu avant de mettre les gaz et tamponne le tas de ferraille, klaxon. Le pare-chocs a pris, mais tout le monde s’en fout. Papi remet les gaz en fanfare et arrive sans degat a Panhar Ganj, le quartier des hotels pas chers. Mission : trouver une chambre, ne pas se perdre, ne pas se faire egorger dans une ruelle mal famee. Sur 100 m, on me propose 3 chambres, 5 trajets en tuk-tuk, des bijoux, de lire mon avenir, mais pas de dagues a l’horizon, tout va bien.
Premier hotel pourri
Il ne m’a pas fallut longtemps pour trouver un truc a 200 Roupies (3 E) dans les rues sinueuses du coin. C’est pas Byzance, c’est l’Inde. Donc l’occasion de retrouver les vertus de la douche froide au baquet : on plonge le baquet de le seau, et hop, tout sur la tronche. Ca ne dure en general pas longtemps, caille, caille, il reste du savon sur le corps quand tu t’essuies, mais ton karma « respectons l’environnement » gagne 2 points.
L’aisselle propre, je pars me promener, avec pour objectif de trouver un billet de train vers le Rajasthan, ou m’attend le capitaine Pierrock, afin de repartir jouer de la musique dans les bleds paumés. Leger probleme, je me retrouve en plein dans les vacances indiennes : c’est la fete religieuse de Diwali, le temps des petards dans la rue et des cadeaux pour les droles. Et donc, les trains sont bondés. A la station, il faut attendre 4 heures au bas mot avant de voir le vendeur de ticket, qui te dit qu’il n’y en a plus, des tickets, ou seulement en Premiere Classe, cheres les places.
Marchandage
L’autre solution, c’est de trouver une agence de voyage sans trop d’arnaque, pas si facile dans un pays d’adeptes de la negoce.
« Combien ce ticket ?
-Combien tu veux mettre ?
-Ben je sais pas combien ?
- Ah ca va etre dur, il n’y a plus de train…
- Un bus, sinon.
- Plus de bus.
- Bon, je m’arrache.
- Attends my brother, tout est possible en Inde, je peux t’organiser un truc. Je t’y emmene en jeep.
- Ah ouais, pour combien ?
-Je te fais un prix : 26 000 roupies (250 Euro)
- (en aparté) Connard ! Alors que le voyage coute 4 euro en train.
- Attends, t’en va pas, on peut négocier. »
Pas de pitie s’il y a un bon poulet a plumer, dirait-on chez moi. Tiens, ca m’a donné faim. Je peux me recompenser en allant manger mon premier repas en Inde. Et bien qu’il n’y ai pas de cochon, tout semble bon. Je commande un gratin de chou fleur avec des champignons dans une sauce au curry, avec des « chiapatis », une galette de blé pour saucer dedans. Un bon choix parmi un menu tres varie, en majorité vegetarien, faisant la part belle aux epices, et pour trois fois rien. Le guide du retard, en vente partout.
Premiere vache
En sortant du resto, je tombe nez a truffe avec ma premiere vache indienne. Elle me regarde, paisible, en broutant du carton. Elle est au milieu d’un carrefour et fait un peu office de ront point mobile pour les tuk-tuks, qui klaxonnent a tout va alors que l’animal ne bronche pas. Puis je croise rapidement beaucoup d’autres de ses congeneres, cohabitant avec les chiens errants, au milieu de tous les detritus qu’un centre ville sans eboueurs peut entasser.
Oui, c’est crade, ca pue, ca pullule, les routes sont dangereuses, les arnaques nombreuses ; et pourtant, on est tout de suite happé par une certaine harmonie dans le desordre. Une verite se cache dans Babel, mais je m’egare, ce qui est facile dans le coin. Aimer voyager, c’est sans doute faire des concessions, pour se poser des questions, pour reflechir a des solutions. Et savoir profiter.
Arrivee a Jaisalmer, dromadaires et desert.
Le Rajasthan est le plus grand désert d’Inde. Il s’y passe parfois 10 ans sans qu’une goutte de pluie n’y tombe. L’une des plus anciennes cultures du desert s’y est développe. Des villes importantes se sont dressees au milieu de nulle part, souvent surplombees d imposantes citadelles. Jaisalmer est l’une de ces cites strategiques au carrefour des civilisations, a 700 km a l’ouest de Delhi, proche de la frontiere pakistanaise. Elle garde de son glorieux passé sont fort, ses epices, son architecture minutieuse, cette teinte ocre clair, typique des déserts.
Elle est devenue une sorte de musee ou, tout le monde s’en doute, le tourisme a prit une part preponderante dans l’economie.. Surtout que pour l’agriculture, l’une des ressources de la region en temps normal, ou l’on repassera vu qu’il n’est tombe goutte cette annee. Ah, si, une bruine d’une demi-heure, en juillet, a la place des traditionnelles 2 semaines de mousson. .
Quatorze heures de train, sur une couchette toute la nuit, puis 6 heures de bus dans la poussiere et le bruit, a Jasailmer me voici. En plus des vaches, ici, il y’a des dromadaires, et c’est pour me plaire. La jonction avec Pierrot, l’autre enfant terrible de la world punk music castelbriantaise, se deroule bien. Surtout que j’ai ramene de France trois bouteilles de rouge, qui y sont passees dans la soiree.
« Chuis super content de te revoir.
- Ben moi aussi, tu sais.
- Allez, on va jouer du Brassens en Inde, pour feter ca.
- La paix ! »
Nous restons quelques jours en ville, dormant sur le toit d’un hotel. Moins curieux que ca en a l’air : point d’ardoises ni de charpente en ces lieux de secheresse quasi-permanente, mais une zone habitable, souvent le lieu de vie de la place avec ses coussins et ses tables basses. On se croirait encore chez les hippies clichés des Sixties : les memes odeurs de charras et d’encens, les memes tenues colorees, les Iphones et les laptops en plus. Diableries, le desert nous entoure, il a bien plus a nous offrir.